La vie quotidienne en Charente sous l’Occupation

• Les troupes allemandes entrent dans Angoulême le lundi 24 juin 1940. Elles vont cantonner dans les écoles et la plupart des monuments publics. Les vainqueurs défilent dans les rues et le drapeau à croix gammée flotte sur l'hôtel de ville.

• La Gestapo siège "Villa Mon Désir" avant de s'installer au 23 de l'avenue Wilson.

• L’administration militaire allemande se met en place avec la Feldkommandantur 749 au chef lieu et les Kommandanturs à Cognac, Mansle et Ruffec. L’État de fait installe ses propres structures qui contrôlent les administrations et réduisent les prérogatives des élus. Ainsi, le 29 mars 1941, les Conseils Généraux sont suspendus.

• La ligne de démarcation coupe la Charente du nord au sud en deux parties inégales. Les communications avec la « zone libre », grossièrement le Confolentais, sont très limitées. Les télégrammes administratifs comme privés sont contrôlés. Des postes frontières et un cordon douanier doublent l'ensemble de la ligne de démarcation. Les Allemands qui contrôlent 14 points de passage, exigent un laissez-passer. Les franchissements clandestins de la ligne de démarcation sont sévèrement sanctionnés.

• La vie quotidienne des Charentais de la « zone occupée » est entravée par une multitude d’interdictions et de restrictions :

- rationnement alimentaire dès le 28 septembre 1941 et apparition des tickets d’alimentation.

- réglementation sévère des déplacements : circulation des véhicules réglementée, immatriculation des cycles obligatoires, limitation des horaires d’ouverture des lieux publics.

- rationnement d’électricité et réquisitions diverses (fourrage).

- interdictions diverses ( pratique de la chasse prohibée, bals réglementés, photos en plein air et même fabrication de pâtisseries interdites, manifestation dans les cinémas, rassemblements et cortèges prohibés ).

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La propagande nazie et vichyste

• La propagande allemande et la « Révolution Nationale » prônée par Vichy sont relayées au niveau local par des partis politiques proches du gouvernement de Vichy ou de l’idéologie national-socialiste, tels le « Parti Populaire Français », le « Rassemblement National Populaire » ; par des organismes paramilitaires comme la « Légion des Volontaires Français contre le Bolchevisme »et le « Service d’Ordre Légionnaire », ou par des organismes destinés à la jeunesse, tel « Les Jeunes du Maréchal ».

• La propagande est également réalisée par le biais de conférences destinées à informer la population sur les « dangers » que constituent la Franc-Maçonnerie, les Juifs, le Communisme, plus tard le Gaullisme.

• Propagande et censure maintiennent la population dans l’ignorance de la réalité de la guerre, révélée à quelques-uns uns par les informations diffusées par la radio de Londres, les tracts parachutés et les journaux clandestins.

 

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La politique raciale et la Déportation

• Dès octobre 1940, est promulguée la loi fixant le statut des Juifs et les excluant d'un certain nombre de professions.

• L’État de fait met en place progressivement une législation anti-juive en instaurant un couvre feu spécial et en soumettant tous les Juifs au port de l’étoile jaune, le 1er juin 1942.

• A ces mesures vexatoires succède, en 1942, le plan de déportation massive visant à l'extermination de tous les Juifs de France.

• En Charente où de nombreuses familles juives s'étaient repliées au début de la guerre, la politique raciale apparaît avec l’internement au camp des Alliers de gens du voyage puis l’arrestation de Juifs dès l'été 1942. Puis ce sont les rafles qui conduisent aux camps de déportation : le 8 octobre 1942, 325 personnes juives sont rassemblées à Angoulême, acheminées à Drancy puis déportées. D’autres arrestations suivront.

• Plusieurs centaines de Charentais endureront les pires souffrances et beaucoup connaîtront la mort dans les camps de concentration.

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Le Service du Travail Obligatoire (S.T.O.)

• Afin de remplacer ses milliers de soldats partis combattre pour le front russe, l'Allemagne exige que les pays occupés lui fournissent la main d'œuvre nécessaire au fonctionnement de ses usines.

• En octobre 1941 débute le recensement des jeunes de 17 à 21 ans sans emploi, annonciateur de la "relève" puis du Service du Travail Obligatoire (STO).

• Le système de la « relève » des prisonniers de guerre par des travailleurs français ne permet plus de satisfaire aux exigences allemandes. C'est pourquoi, en septembre 1942, le Gouvernement de Vichy instaure le STO pour les hommes de 18 à 50 ans et les femmes de 21 à 35 ans. L’Allemagne nazie a besoin de la main d’œuvre des pays occupés pour poursuivre son effort de guerre. ( lois du 4 septembre 1942 et du 16 février 1943)

• Les réquisitions de main d’œuvre sont alors systématiquement organisées. 3 581 Charentais partiront ainsi en Allemagne.

• Les réfractaires au STO vont se cacher dans des fermes ou chez des amis et bientôt grossir les rangs des maquis.

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La Résistance civile et militaire en Charente

• Face à l’Occupation, plusieurs attitudes se dessinent dans la population : une attitude de passivité, quelquefois de collaboration avec l’occupant, ou à l’inverse de révolte bientôt transformée en Résistance d’abord individuelle puis collective.

• Parmi les premières actions de Résistance en Charente, notons l’acte courageux accompli à Angoulême en septembre 1941 par deux jeunes gens : Jean-Jacques RIVIERE et Gontran LABREGERE qui tentent d'incendier un dépôt de paille en gare d'Angoulême. Fusillé le 12 octobre 1941, Gontran LABREGERE sera la première victime charentaise de la répression nazie.

• Des franchissements clandestins de la ligne de démarcation sont organisés, dès 1941, par Jean LAPEYRE-MENSIGNAC et René CHABASSE.

• En 1942 et 1943, la résistance civile à l'oppresseur s'organise rapidement.

• L'apparition du STO à la fin de l'année 1942 encourage beaucoup de jeunes, réfractaires à ce Service pour l'Allemagne, à adhérer à des mouvements de la Résistance Intérieure Française ou à des réseaux de la France Libre du Général de Gaulle, des Anglais ou des Américains ( Réseaux de renseignement, d'évasion, d'action, …)

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La Résistance civile et militaire en Charente (suite 1)

• La Charente coupée en deux par la ligne de démarcation est sous l'influence de deux régions : celle de Bordeaux ( zone B ) en «zone occupée», celle de Limoges ( région R5 ) en « zone libre ».

• En « zone occupée », le mouvement le plus important est l'OCM ( Organisation Civile et Militaire ), tandis qu'en « zone libre », l'influence la plus grande est celle du «Front National de Lutte», de «Combat», de «Franc Tireur» et de «Libération» qui constitueront les Mouvements Unis de la Résistance (MUR).

• La Charente connaît un grand nombre de mouvements et de réseaux. Parmi eux citons le «B.O.A.» ( Bureau des Opérations Aériennes ) de René CHABASSE, le «B. C. R. A.» ( Bureau Central de Renseignement et d'Action ) qui organise la France en un certain nombre de régions militaires et qui envoie, en Charente, en novembre 1943 Claude BONNIER, alias Hypoténuse, Délégué Militaire Régional (DMR) pour la région B, et son adjoint le lieutenant Jacques NANCY, futur organisateur de la Section Spéciale de Sabotage ( SSS)

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La Résistance civile et militaire en Charente (suite 2)

• Claude BONNIER devient l'indispensable réorganisateur de la Résistance dans le Sud-Ouest. Jacques NANCY participe à l'armement et à la formation au sabotage des groupes résistants des deux Charentes et de la région bordelaise.

• Citons également la Résistance Fer, la Résistance PTT, la Résistance des Sapeurs Pompiers qui assure souvent une liaison difficile entre les différents organismes et les Maquis.

• On voit apparaître à partir de 1943, les organisations armées constituées par les Maquis. Ces derniers deviendront, officiellement, le 1er février 1944, les FFI (Forces Françaises de l'Intérieur ). Le général KOENIG en sera, en mars 1944, le chef national.

•Citons les principaux maquis charentais constitués à cette époque[1] :

•- le maquis AS de Brigueuil (du 1/6/43 au 7/12/43 )

•- la Section Spéciale de Sabotage (SSS) de Jacques NANCY ( du 8/1/44 au 1/9/44 )

•- le maquis AS 18 BIR-HACHEIM d'André CHABANNE ( du 1/1/44 au 1/9/44 )

•- le maquis FTPF BRICOUT-BERNARD-LELAY ( du 25/11/43 au 1/9/44 )

•- le maquis AS 15 FOCH ( du 1/6/44 au 1/9/44 )

•- le Groupe autonome de sabotage ( du 1/7/44 au 1/9/44 )

•- Charente zone sud ( du 20/8/43 au 1/7/44 )

[1] Périodes d’unité combattante reconnues par le Ministère de la Défense

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La Résistance civile et militaire en Charente (suite 3)

• Les effectifs des maquis charentais augmentent rapidement entre 1943 et 1944, passant ainsi d'une dizaine d'hommes à plusieurs milliers en juin-juillet 1944.

• Les maquis charentais se rattachent à l'une ou à l'autre des deux grandes organisations armées de la Résistance : l'Armée secrète ( AS), dont le premier chef national est le général DELESTRAINT, représenté en Charente par le colonel PENCHENAT puis par André CHABANNE - fondateur du maquis AS 18 BIR-HACHEIM - ; les F. T. P. F. ( Francs Tireurs et Partisans Français ), dont le chef régional est BRICOUT et le chef charentais Bernard LELAY, qui dirige les F. T. P. F. de Pressac Chabanais.

• Une "Mission interalliée" : la Mission Jedburg Team Ian n°6, supervise l'action des maquis charentais. Envoyée en Charente en juin 1944 par le G.Q.G. allié, cette mission composée par un commandant américain, GILDEE, un capitaine français, DESFARGES, alias DELORME, et un radio U.S., BOURGOIN, se rattachera au maquis A.S. 18 BIR-HACHEIM du colonel André CHABANNE.

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Représailles allemandes et Libération

• 1944 : c'est l'année où tout bascule et où l'espoir renaît.

• La Résistance charentaise va, hélas payer chèrement ses victoires : perquisitions, arrestations, condamnations à mort, exécutions et déportations continuent. Le 15 janvier 1944, neuf résistants sont exécutés dans la forêt de la Braconne, dont Francis LOUVEL, Armand JEAN et Amédée BERQUE.

• Le 9 février 1944, c'est l'arrestation de Claude BONNIER, DMR régional, à Bordeaux. Il se suicide en craquant son ampoule de cyanure pour éviter de parler sous la torture.

• Le 21 février 1944, René CHABASSE est exécuté alors qu'il tentait de fuir à la suite de son arrestation.

• Le 5 mars 1944, Marcelle NADAUD institutrice à l'école maternelle, est arrêtée puis déportée pour actes de Résistance.

• C'est l'année des combats décisifs de la Résistance qui mèneront le 31 août à la libération d'Angoulême. Mais c'est aussi l'année des colonnes de représailles allemandes brûlant et tuant sur leur passage. Une première colonne déferle sur Chasseneuil le 22 mars : 100 personnes sont arrêtées. Parmi elles, 33 résistants seront fusillés à Biard, près de Poitiers, le 8 mai 1944.

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Représailles allemandes et Libération (suite 1)

• Dans le même temps, les résistants sont mieux armés grâce aux parachutages alliés, mieux organisés grâce au Conseil National de la Résistance ( CNR ) mais également plus nombreux et stimulés par le débarquement allié du 6 juin 1944. La Résistance française met alors tous ses moyens, d'ailleurs limités, afin de désorganiser l'ennemi et retarder l'arrivée des renforts allemands venant du sud-ouest de la France.

• A partir de juillet, l'axe Angoulême - Limoges est interdit aux Allemands. Les villages du Confolentais sont libérés progressivement. Les sabotages et les attaques de convois prévus par le "Plan Vert" se multiplient : 200 trains dans la Vienne et en Charente seront ainsi immobilisés et une centaine d'attaques de convois allemands ou accrochages désorganisent l'ennemi.

• Les troupes allemandes, harcelées par un ennemi imprévisible, désemparées, vont répliquer par de terribles représailles.

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Représailles allemandes et Libération (suite 2)

• Il faut rappeler le passage, le 10 juin 1944, de la Division Das Reich à Oradour-sur-Glane ( en Haute-Vienne, non loin de la bordure est de la Charente ) qui proféra l'affreux massacre où 642 habitants périrent, dont l’école entière avec son institutrice.

• En juillet et août, deux colonnes allemandes renforcées par des miliciens recherchent les maquis du Confolentais et font régner la terreur, incendiant les fermes, les hameaux, fusillant de nombreux civils et maquisards dans la région de Marthon, Champagne- Mouton, Ambérac, Confolens, Chabanais. Bien que ces colonnes de représailles aient été fortes chacune de 500 à 600 soldats allemands et miliciens français, elles n'échouent pas moins dans leur entreprise de destruction des maquis : la seconde colonne est bloquée par la Section Spéciale de Sabotage du capitaine Jacques NANCY et doit faire retour à Angoulême ( 25 juillet 1944 ) ; quant à la troisième ( du 26 juillet au 3 août ), elle force à la retraite le maquis FOCH à Ambernac, mais elle est stoppée par les FTPF du colonel Bernard LELAY à Chabanais et elle doit se replier sur le département de la Vienne. Bilan de cette dernière offensive : 130 maisons pillées et incendiées, 20 maquisards et 13 civils tués.

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Représailles allemandes et Libération (suite 3)

• Au mois d'août 1944, l'objectif est la libération du département, 2000 hommes mieux armés s'y préparent. Dès le 15 août 1944 les différents maquis se concentrent autour d'Angoulême : du nord arrivent les maquis de Bignac, Foch et Bir-Hacheim ; de l'est, les F.T.P.F ; du sud, l'AS 5 Dordogne Nord, qui regroupe notamment la SSS de Jacques NANCY et la Brigade RAC ; de l'ouest, les maquis de Barbezieux, d'Armelle, de Cognac et un maquis de Tarbes. Les combats commencent le 31 août à 18 h, Angoulême sera délivrée le soir même.

• Le 1er septembre 1944, à ANGOULÊME une nouvelle municipalité est mise en place. On passe de l'administration vichyste à la République. Les résistants sont maintenus, réintégrés, avancés, les fidèles de l'État vichyssois sont suspendus, mis à la retraite, révoqués. La libération d'Angoulême aura coûté la vie à 42 maquisards.

• En octobre, ce sont les premiers retours des déportés et des prisonniers.

• Les combats se poursuivent sur le front de l'Atlantique, puis en Allemagne jusqu'au 8 mai 1945. Les 3 et 4 septembre 1944, une partie du régiment Bir-Hacheim, la Brigade RAC, la SSS, et des éléments du maquis FTP Bernard commencent à faire mouvement vers le front de l'Atlantique.

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